samedi 29 avril 2017

Roulez à droite... que diable!

Rouler à droite, sauf bien sûr dans les pays anglo-saxons, cela semble aujourd'hui aller de soi.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Il a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour qu'une réglementation soit prise à ce sujet. Ce n'est donc pas l'apparition de l'automobile qui a provoqué le "rouler à droite".
En 1854, alors que régnait encore la traction animale, rouler à droite n'était pas encore passé dans les mœurs et il en résultait parfois des accidents très graves, comme celui qui est survenu en janvier de cette même années dans les environs de Belfort et que relate la presse locale.
"Le 24, la malle de Mulhouse à Lyon a versé aux environs des Errues à Menoncourt près de Belfort Cet accident a été occasionné par la rencontre de voitures de roulage qui tenaient le milieu de la chaussé au lieu d'occuper la droite comme le prescrivent les règlements. Il en est résulté un choc qui a renversé la malle sur un tas de pierres. Le conducteur n'a éprouvé dans cette chute qu'une forte émotion mais le postillon a eu la poitrine défoncée et l'on désespère de ses jours"
Le règlement d'administration publique, relatif à la police de roulage et des messageries, dont il est question, date de 1862. Il prescrit en son article 9: " à tout conducteur de voiture de se ranger à sa droite à l'approche d'une autre voiture, de manière à lui laisser libre au moins la moitié de la chaussée."
Pourquoi la droite? L'article cité apporte la réponse:
"C'est un usage généralement adopté mais qu'il convenait de rendre obligatoire."
Au fil des ans la réglementation concernant la circulation est progressivement complétée.
En 1853, il est précisé "qu'aucune voiture marchant isolément ou à la tête d'un convoi ne pourra circuler la nuit sans être munie d'une lanterne allumée."
À la même époque, est autorisée, la mise ne place de barrières sur certaines routes en temps de dégel. 
Rouler à droite, s'éclairer la nuit, ce ne sont là que les premiers balbutiements d'une réglementation routière qui s'étoffe considérablement quelques dizaines d'années plus tard avec l'apparition de l'automobile.
À la fin du siècle, les plus rétifs, à se plier à un quelconque règlement de circulation, ce sont les cyclistes. Des dangers publics à en croire le journal "La Frontière" du 28 juin 1896: "Nous ne sommes pas les ennemis de la bicyclette qui rend de grands services, mais il ne faudrait pas pour autant que la rue lui appartint exclusivement. Certains cyclistes, trop nombreux, semblent croire que nos voies de circulation ont été créées uniquement pour leur servir de vélodromes et, pourvu qu'ils aillent à un train d'enfer, s'inquiètent peu de rencontrer des passant. Tous les jours, il nous faut enregistrer de graves accidents;"
L'administrateur du Territoire de Belfort avait pourtant pris le 10 juin 1895, c'est-à-dire, l'année précédente, un arrêté réglementant la circulation des bicycles. Non seulement leurs propriétaires devaient laisser les trottoirs aux piétons, rouler à droite et ne plus se livrer à des exercices d'équilibre sur la chaussée, laquelle était faite pour circuler et non pour s'amuser, mais de plus tout vélocipède devait être muni d'un grelot suffisamment sonore ou d'une trompe d'appel afin de prévenir de son arrivée. 
Si encore il n'y avait que cela mais ne voilà-t-il pas que l’arrêté préfectoral faisait en outre obligation à chaque vélocipédiste d'équiper sa machine à l'avant "d'une lanterne garnie de verre blanc et non de couleur."
C'en était trop. La réglementation allait à l'encontre des libertés! On était en démocratie, que diantre!
"Le Libéral de l'Est" du 4 juillet 1895, fait part de la réaction des utilisateurs de deux roues:"Le monde cycliste du Territoire est en ébullition. De tous côtés, on n'entend que plaintes et réclamations contre l'autorité qui dit-on, ne cherche qu'à vexer la gent à deux roues... Beaucoup protestent individuellement et à leur façon. Les uns attachent à leur machine d'énormes clochettes qui font ressembler , une troupe de cyclistes, à un troupeau de bœufs venant du pâturage: les autres font avec leur corne d'appel, un bruit insensé."
Ce ne furent là qu'escarmouches d'arrière-garde.
La réglementation était nécessaire. Elle fut d'ailleurs complétée les années suivantes, suite aux nombreux accidents causés par les "véhicules à moteur mécanique , autres que ceux servant à l’exploitation des voies ferrées."
Le décret du 14 avril 1899 institua, outre le contrôle des automobiles par le service des mines, la déclaration de mise en circulation à la préfecture, le certificat de capacité du conducteur, la pose sur tout véhicule d'une plaque avec l'identité et le domicile du propriétaire, d'une seconde plaque avec le nom du constructeur, l'indication du type et du numéro d'ordre dans la série. Le numéro d'immatriculation n'est apparu que deux ans plus tard (septembre 1901) lorsque fut rendue obligatoire, dans chaque arrondissement du service des mines, la tenue d'un "registre d'immatriculation des automobiles capables de marcher à  plus de 30 km/h"
Que de tracasseries! Où est-il le bon vieux temps des diligences et autres voitures de roulage, qui avaient pour seule obligation, de rouler à droite et d'être éclairées la nuit?
Voiture à chevaux, charrette et cycliste à Besançon, rue des Granges en 1910 (photo du net) 

1 commentaire:

  1. sont souvent dangereux ceux qui ont l'habitude de rouler dans leur pays à gauche ... pas facile de perdre les habitudes !

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St Mélaine, Gaspard, Balthazar, Melchior

Bon jour et bon an, la paille au cul, le feu dedans